Lorsque j’ai commencé à utiliser du matériel d’éclairage, les articles sur le web étaient encore relativement rares. Les posts que je pouvais trouver concernaient, pour la plupart, la manière de post-traiter ses images. Mais cette étape est l’une des dernières dans la chaine de production. J’ai donc passé pas mal de temps à tester mon matériel, à essayer de comprendre de quelle manière la lumière se propage et de quelle manière l’appareil photo la capture. C’est en m’informant et en expérimentant que j’ai pu dégager ce qui était important de ce qui l’était moins, de définir ce qui est essentiel tout au long du processus de création. Ce sont ces choses que je partage lors de mes ateliers, parce qu’avant même de « développer » une image, il faut être à même de pouvoir la capturer. Dans cette article, je ne vais pas m’attarder sur le type de matériel que j’utilise (que vous pouvez consulter ici), je vais plutôt passer en revue ce qui me semble être important et les bases qui vous permettront de favoriser votre créativité et prendre des photos techniquement correctes.
Connaître son appareil photo et ses fonctions est indispensable. Il est important d’apprendre à l’utiliser correctement et pouvoir en modifier ses paramètres rapidement. Le manuel de votre appareil reste le meilleur moyen de comprendre son fonctionnement, lisez-le jusqu’à en connaître le moindre menu. Mêlé à la pratique, il permet d’acquérir rapidement des automatismes!
Que vous soyez plutôt zooms ou focales fixes, cela n’aura que peu d’influence sur vos images si vous êtes équipés de modèles haut de gamme. Pour ma part, j’ai toujours préféré les focales fixes pour leurs grandes ouvertures et pour leurs meilleurs gestions de la déformation optique. Mais la vrai raison de ce choix est que je considère le fait de zoomer pour réaliser mon cadrage, comme un réglage supplémentaire. Je pense d’ailleurs que beaucoup de photographes n’utilisent leurs zooms qu’à la focale minimum ou maximum (ex. 24mm ou 70mm dans le cas d’un 24–70mm) dans une grande majorité de cas. Un zoom est également souvent plus encombrant/lourd à transporter qu’une focale fixe. Cependant je considère que si vous ne pouvez pas vous permettre l’achat d’un zoom à grande ouverture, l’achat d’une focale fixe 50mm 1.8 vous donnera toujours une meilleure qualité d’image qu’un zoom d’entrée de gamme ou fourni en kit avec votre appareil photo (50mm 1.8 ne coute seulement que 100€). Informez-vous via des sites de tests tel que DPReview afin de tirer le meilleur parti de vos optiques. Un zoom même d’entrée de gamme est plus performant à une telle focale et une telle ouverture plutôt qu’une autre. C’est un moyen simple de vous assurer de produire une image avec un bon piqué, une moindre déformation optique, etc. En quelques mots, un rendu de qualité. AF-Automatique Il y a des tendances qui reviennent régulièrement comme de faire sa mise au point en mode manuel. Ces tendances (comme beaucoup d’autres) n’ont pas vraiment de sens à mes yeux. L’autofocus des appareils actuels sont très performants, je déconseille le passage en mode manuel si ce n’est que dans les rares cas où votre AF patine (comme dans des lieux peu éclairés) afin d’éviter toutes mauvaise surprise lorsque vous consulterez vos images sur l’écran de votre ordinateur. Cependant, il peut être intéressant de prendre le temps de tester la mise au point manuel à grande ouverture pour justement ces situations où votre AF n’arriverait pas à accrocher le sujet de votre séance. En générale, les focales que j’utilise par type de séance sont:
La lumière directe crée des ombres dures. Plus la source de lumière est petite par rapport à la taille du sujet et plus les ombres produites sont nettes et sombres. Il en est de même lorsqu’on éloigne la source du sujet. La lumière diffusée produit des ombres douces. Plus la source de lumière est grande par rapport à la taille du sujet et plus les ombres sont diffuses et entre guillemet lumineuses. Ce sont des fondamentaux nécessitant une bonne compréhension afin d’utiliser au mieux votre matériel d’éclairage car une fois acquis, ils vous permettront de modeler la lumière à votre guise. La meilleur solution pour bien comprendre cette théorie est encore de la tester en condition réelle.
La plupart des photographes réfléchissent en terme de contrôle sur les ombres lorsqu’ils utilisent de la lumière artificielle. Je préfère pour ma part réfléchir et me poser la question de ce que je désire éclairer ou mettre en avant en fonction du sujet et de l’utilisation finale de l’image. Je pense que se sont deux approches totalement différentes qui vous permettront ou non de favoriser votre créativité. L’éclairage met l’accent sur les traits du visage et révèle la texture comme celle de la peau. Choisir d’éclairer une partie pour en laisser dans l’ombre d’autres va vous permettre de donner du caractère à votre sujet ou encore de le révéler suivant le contexte dans lequel vous voulez le photographier. L’une des erreurs que je remarque lors de mes ateliers, est le mauvais réflexe qu’ont les participants de placer l’éclairage à hauteur du modèle et d’essayer de contrer les ombres en utilisant une deuxième source, ce qui a souvent pour conséquence de rendre l’éclairage « plat »! C’est à dire uniforme sur tout le visage. Commencez plutôt par monter la source plus haut que votre modèle et inclinez-la dans sa direction! C’est le meilleur moyen de débuter avec le travail du modelé. Voyez la lumière artificielle comme une peinture réalisée à la bombe de peinture. Apprenez à contrôler le spray qui en jaillit pour travailler de manière précise.
Parapluie, Softbox, bol beauté, réflecteur, etc. sont des moyen de mettre en forme la lumière et de la contrôler. Il est important de comprendre leurs impact ainsi que leur rendu sur le sujet. J’ai longuement testé mon équipement afin de comprendre quand et comment les utiliser. Ce n’est pas la panoplie d’accessoires ou encore votre “Géante Softbox” qui fera de vous un “Master of light”, mais bien la manière dont vous allez les mettre au profit de votre esprit créatif. J’ai ainsi pu définir quel type de matériel utiliser en fonction du genre de séance ou du rendu recherché (voir page “Gear”). Apprenez à maitriser une configuration d’éclairage avant de passer à une autre, il en est de même en ce qui concerne les diffuseurs. Expérimentez, peaufinez votre routine étape par étape. Il y a plusieurs raisons qui me poussent à insister sur ce point. La première, est d’éviter d’investir dans du matériel qui finira au fond d’une armoire parce que vous n’en aviez tout simplement pas besoin. La deuxième, est qu’il est nécessaire de pratiquer et répéter les mêmes schémas pour connaitre les outils qui vous permettront de faire feu en toute circonstance. Pour finir, cela vous permettra de peaufiner votre style afin que votre éclairage devienne la signature qui rendra reconnaissable vos travaux.
L’utilisation d’éclairage laisse peu de place à l’improvisation surtout en extérieur où les conditions sont variables contrairement à la prise de vue en studio. Il est donc nécessaire de définir le type d’images que vous désirez réaliser. Les images que l’on voit au quotidien sont de bonnes sources d’inspiration. Apprenez à les décomposer et questionnez-vous sur les éléments qui ont permis d’arriver à son résultat. “Refaites” une photo comme l’on refait un match de foot. Analyser le cadrage, les détails, apprenez à lire l’éclairage afin de le reproduire ou de l’améliorer. Préparer un maximum votre séance est pour moi le meilleur moyen d’arriver à un bon résultat. Entourez-vous de gens motivés et compétents! Qu’ils soient assistants, maquilleurs, coiffeurs, etc. Chacun d’eux contribue à la réussite de votre séance. Choisissez de bons sujets, qu’ils soient modèles pro ou non, ils représentent 80% de la réussite de votre image. Travaillez de manière claire et bien organisée afin de favoriser la création … Un article complet sur la préparation de séance, bientôt ! Composer votre séance en fonction du matériel en votre possession est essentielle pour garantir un bon résultat. Les premières limites auxquelles j’ai été confronté ont été le peu de puissance généré par le seul flash cobra que je possédais. Ce n’est pas pour cela que je me suis privé de faire les photos que j’avais envie de réaliser. J’ai simplement évité les situations dans lesquelles je pouvais y être confronté. La frustration est un frein au processus de création. Prenez le temps d’explorer les possibilités que vous offre votre matériel et vous vous apercevrez vite que les seules limites sont souvent celles que vous vous fixez. Evitez de multiplier les sources inutilement. La majorité de mes images sont réalisées avec une seule source!!! Inutile d’aller éclairer des ombres qu’un diaph sur votre boitier aurait suffit à atténuer. Si vous êtes amenés à en utiliser plusieurs, n’allumez pas toutes vos torches en même temps! J’effectue toujours le réglage de mes sources individuellement (l’une après l’autre). Ne sous estimez jamais la prise de vue en pensant que Photoshop fera des miracles. Il est plus judicieux de commencer par une bonne photo et de la sublimer en post-production, que de commencer avec une mauvaise photo et de la corriger longuement pour la rendre moyenne… Epargnez votre temps! Restez « Maître » de votre séance. Même si j’estime que le client est roi, on m’engage aussi pour ma créativité, je m’efforce donc de combiner au mieux l’art et l’authenticité de mon sujet. Gardez à l’esprit que vous êtes, au final, le seul et unique responsable de l’image que vous vous apprêtez à tirer. Analysez votre séance. Prenez du recul afin de comprendre ce qui a ou non fonctionné. Sollicitez l’avis de votre équipe afin de savoir ce qui pourrait être amélioré. Ne restez jamais sur un échec! Se remettre en question, prendre le temps de trouver des solutions et recommencer sont les meilleurs moyens d’évoluer et d’affiner votre technique. Soyez sélectif dans le choix de vos images. Je remets rarement plus de 5 photos à un modèle (3 me semble plus proche de la réalité). Sollicitez l’avis de quelques photographes ayant un oeil aiguisé et en qui vous pouvez avoir confiance pour analyser vos images en cas de doute. Je veille également à ce que les photos qui circulent sur le net soient des photos dont je suis satisfait du résultat. Pensez que vos photos sont l’image de votre travail et que livrer des images non traitées ou publier des photos uniquement dans le but d’entretenir votre actualité ne sera jamais une bonne pub pour vous. N’autorisez jamais que vos images soient retouchées sans votre accord. Gardez à l’esprit qu’un portfolio de 10 photos de bonne qualité sera toujours plus appréciable que ces mêmes 10 photos noyées au milieu de 40 autres « moyennes ».
J’ai essayé de rassembler dans cet article ce qui me semble essentiel, afin de définir dans les grandes lignes ce qui constitue un bon départ et qui j’espère vous conduira à réaliser de bonnes images. J’espère également qu’il sera une bonne réponse aux questions que les débutants se posent ainsi qu’un bon rappel pour les photographes avertis. Je remercie Yannick von G pour la relecture de cette article. D’autres sujets comme la « préparation d’une séance » ou « le matériel que j’utilise et pourquoi » seront publiées prochainement… Rejoignez-moi En attendant si vous avez aimé l’article, n’hésitez pas à le partager