Jean est la première personne que j’ai photographié dans le cadre de ma série « Made in Street ». Je pense également qu’il a été un facteur déterminant dans la direction qu’a prit au fur et à mesure mes travaux.
J’ai souvent eu l’occasion de le croiser dans les rues du quartier où j’ai grandi. La plupart du temps, je le voyais entrain de promener des chiens sorti de je ne sais où? J’ai directement pensé à lui lorsque j’ai voulu développer mon concept de « Portraits de rue ».
Jean a toujours captivé mon regard, le plus difficile était d’entreprendre la démarche de lui demander si il accepterai que je le prenne en photo! J’ai donc attendu depuis la fenêtre de chez mes parents avec une certaine appréhension… 45 minutes plus tard, je lui demandais si une séance serait envisageable, c’est d’un signe de tête qu’il m’a donné le feu vert.
C’est ravis que j’ai commencé cette séance, je savais que je n’aurais pas droit à l’erreur et qu’il faudrait que je fasse vite! D’expérience, les gens qui ne sont pas modèles ou les personnes n’ayant pas l’habitude de se faire photographier se lassent au bout de 15min. et entre le matériel, les réglages… 15min. c’est plutôt cours!
Dès les premières photos, il m’a demandé de faire attention à ce qu’on ne voit pas le trou situé au niveau de sa gorge qui l’empêche de parler normalement et qu’il cache derrière sa barbe. J’ai donc évité toutes contre plongée pouvant le rendre visible.
Très rapidement je me suis aperçus que de plus en plus de passants s’arrêtaient, certains y allaient même de leurs commentaires… Bien sur, je n’étais pas le seul à être dérangé par ces « gens », j’ai donc décidé de ne pas prolonger la séance afin que cela ne se transforme pas en mauvaise expérience pour Jean.
Nous avons ensuite longuement discuté ensemble, il m’a expliqué qu’il avait été militaire et qu’en son temps il avait déjà fait des photos pour d’autres photographes. Une occasion pour lui de me dire que je n’étais pas le premier à avoir remarqué son côté photogénique.
Je suis honoré que Jean ai été le premier a accepter de se mettre devant l’objectif pour ces portraits « Made in la rue » qui me tiennent tant à coeur. Je le remercie également pour ce moment passé en sa compagnie et pour m’avoir donné l’une des photos dont je suis le plus fier encore aujourd’hui.
J’ai compris à travers lui l’importance qu’il y a de photographier de bons sujets. Que lorsqu’il est bon tout artifice est inutile… Qu’un regard qui en dit long sera toujours plus parlant que la mise en scène d’une photo n’ayant pour but que la perfection. Qu’une image n’a de sens que lorsqu’elle est créée dans l’échange…
Qu’il faut en moyenne 28 161 jours pour construire une vie… 1/200 ème de seconde peuvent suffire pour la saisir !
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